Le 7 août 1990, à 23 heures, le Tilleul perdait sans prévenir une de ses très grosses branches. Depuis cette date, régulièrement, bousculé par les éléments naturels ou non, le tilleul a laissé choir des branches de diamètre et de poids respectables. Le 14 juillet 2010, jour de tempête, une branche charpentière de plusieurs centaines de kilos s’est abattue sur une voiture dans la laquelle se trouvait sa conductrice. Un drame humain aurait pu se jouer à quelques dizaines de centimètres près. Dès lors, il n’était plus défendable de persister à ne pas s’interroger sur l’état de santé d’un arbre qui n’avait jamais fait l’objet d’un examen sérieux.
Une expertise par tomographie a été demandée par la commune aux experts de l’O.N.F. en référence à la charte « Arbre Conseil », une charte qui prévoit de « proposer en toute impartialité les meilleurs choix et mesures à prendre dans le cadre du respect de l’arbre, de son impact paysager et de son rôle dans l’environnement local » tout autant que « d’alerter l’auteur de la commande de tout risque ou danger décelé dans le cadre de l’étude ».
L’expertise par tomographie.
Il n’existe que dix tomographes en France. L’un de ces appareils est attachéà l’agence ONF de Saint Avold. Le tomographe permet, via l’envoi d’impulsions sonores, de restituer une image de synthèse de l’intérieur de l’arbre sans avoir à le blesser, selon le mode opératoire suivant :
- Douze clous sont plantés sur le pourtour du tronc de l’arbre, reliés à autant de capteurs eux-mêmes reliés à un ordinateur
- De légères frappes au marteau sur chaque clou permettent la propagation du son dans le bois. Les capteurs mesurent le temps écoulé entre la frappe et la réception. Ces mesures sont enregistrées sur l’ordinateur.
- Par un savant système de triangulation, la mise en relation de la vitesse de propagation du son avec le module d’élasticité de l’arbre et sa masse volumique permettent de déterminer l’état mécanique du bois ainsi que l’état d’évolution de ses altérations. Le logiciel utilisé synthétise les résultats et les édite sous forme d’une image en deux dimensions. Les zones de bois très sain sont en noir. Les zones de bois intactes sont de couleur brune. La couleur verte correspond à une zone d’incertitude du programme informatique sur la qualité du bois. Les zones en cours d’altération et de dégradation sont de couleur violette (zones où le champignon est actif). Les zones très altérées ou correspondant à une cavité sont en bleu.
Le résultat de la tomographie.
Cet arbre, un tilleul à grandes feuilles d’une hauteur de 12 mètres pour un diamètre de 94 centimètres à 1,30 mètres de hauteur présente une cavité interne très importante. Seules quelques zones présentent un bois non altéré. Les tenues mécaniques de l’arbre sont très en deca des seuils couramment admis en ce domaine. Cet arbre présente un risque fort de chute ou de basculement, notamment en regard à son houppier très développé. Pour le conserver, des travaux drastiques devront être réalisés pour le renforcer au maximum.
Il ressort également que « cet arbre présente une altération importante au collet, côté rue, avec une cavité ouverte et une dégradation importante du bois de cœur. Côté nord-ouest, présence d’une zone bétonnée au collet. Le tronc présente une cavité interne très importante avec très peu de bois sain restant. L’ensemble des charpentières et branches présentent également une cavité interne importante visible depuis le sol sur zones de taille ou de blessures. La charpentière centrale s’est rompue récemment et présentait également une cavité interne importante. Présence de quelques dessèchements au niveau de la charpentière ouest.
Les solutions préconisées par l’O.N.F.
1 – Effectuer une taille de réduction par la taille drastique des charpentières afin de supprimer les masses en déport important et, de ce fait, renforcer les résistances au vent de ce tilleul. Cette méthode comporte cependant le risque que l’arbre ne soit pas en mesure de réagir et de pouvoir émettre de nouvelles réitérations.
Pour cela, un mulchage au pied, avec au préalable un enlèvement physique du gazon et un apport d’engrais sera à réaliser
2 – Implanter au plus près du collet, en évitant de toucher le mât racinaire, un pylône et rattacher l’ensemble des branches charpentières à celui-ci à l’aide de haubans de type dynamique. Cette solution oblige un suivi annuel des haubans et un remplacement de ceux-ci au minimum tous les dix ans. Cela, avec un mulchage au pied avec, au préalable, un désherbage physique et un apport d’engrais
3 –« Si aucune des solutions précédentes n’est retenue, alors il faudra enlever l’arbre au plus tôt.
La solution retenue.
L’enlèvement du tilleul, arbre emblématique de la commune auquel chaque habitant est attaché, n’a pas été retenu.
La solution n° 2 n’a pas pu être retenue en raison de son coût (de l’ordre de 20 000 €) et parce que l’O.N.F. s’est trouvé dans l’impossibilité de joindre une entreprise en mesure de réaliser cette opération ».
La solution n° 1 a été retenue par décision du conseil municipal en date du 31 janvier 2011. Son coût sera de 1 931,21 € TTC.
Quelle que soit, la solution mise en œuvre, il faut avoir à l’esprit que la santé du tilleul de Lommerange est fragile et sa pérennité sujette à inquiétude. L’évidence des problèmes de responsabilité civile et morale qui ne manqueraient pas de se poser en cas d’accident imposent une sécurisation de cet arbre.
Ne pas tenir compte des résultats de l’examen tomographique, rendrait la commune responsable en cas de sinistre. Aussi, faut-il espérer que les mesures qui seront mises en œuvre permettront de concilier et la durée dans le temps de cet arbre et la garantie, si garantie il peut y avoir, que tout danger majeur de son fait est écarté.
La tomographie fournit une image de synthèse qui permet des visualiser la coupe du tronc.
Expertise du tilleul de la place
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